Alors qu’elle aurait pu être anticipée, nos dirigeants n’ont pas réagit à temps à l’avertissement. La seule résistance possible maintenant semble être la défiance envers l’autre, la peur de l’autre, même au sein des familles.
Ne plus passer les frontières, travailler à domicile, ne plus déjeuner au restaurant, ne plus voir ses amiˑes, ne plus embrasser ses parents, ne plus pouvoir travailler autrement qu’à distance, autant d’interdits qui pèseront sur les relations sociales et économiques après le déconfinement.
Et, surtout, comment va-t-on réagir face à l’incertitude, le doute du présent comme du lendemain, le manque de confiance et la peur de l’autre.
Nous sommes tous en ce moment des migrantes et des migrants ; des migrants dans notre propre pays !
Inutile de chercher des boucs émissaires, les juifs, les homosexuels, les noirs, les mexicains, les chinois, les étrangers… nous sommes tous dans le même bateau et nous ne sommes sûrs de rien. Gardons-nous de tirer des conclusions hâtives.
La guerre de 40 n’a pas été seulement une guerre de militaires, mais elle a impliqué tous les civils dans son carnage.
Les bombardements, la descente dans les caves, le port du masque à gaz réservé aux enfants, la queue devant la boulangerie avec les tickets de rationnement, la peur des représailles, la récession économique forcée… celles et ceux qui sont encore là pour en parler, se souviennent de tout cela, mais ressentent aujourd’hui d’autres angoisses, enferméˑes qu’ils sont dans leurs murs : ce n’est plus trop la peur de mourir mais la peur de vivre qui les tenaille et, nous tous subissons cette crise qui touche la sphère publique mais aussi l’intime.
Le décompte macabre des décès provoqués par la pandémie rythme un quotidien anxiogène et chaque soir les chiffres augmentent en même temps que les doutes s’accroissent sur leur sincérité. C’est le privilège d’une société où les médias sont rois, et impose aux personnes une vision ciblée de la situation dramatique que nous vivons, vision qui change très vite, de jour en jour, et qui nous déstabilise en détruisant le peu de certitude que l’on a encore.
Qu’a -t’elle apporté ?
La victoire du 8 mai 1945 a fait cesser le feu, a mis fin au carnage, mais n’a pas pacifié le monde ni le cœur des hommes.
Les conséquences humaines sont désastreuses. C’est la guerre la plus meurtrière connue et planifiée : 62 millions de morts dans le monde sur cinq longues années, baisse des actifs et vieillissement de la population. Elle a conduit à des émigrations massives, pour relancer l’économie et notamment l’exploitation du charbon en France.
Les tourments de la guerre ont accéléré bien des “avancées”. Bonnes ou moins bonnes ! : antibiotiques, radar, dispensaire, l’Europe et la bombe atomique ! En 1939, peu de gens aurait prédit un mouvement de libération des femmes.
Le Covid 19 s’est acharné sur nos aînéˑes, sur les personnes fragiles, en bouleversant les valeurs d’éthique et d’égalité devant la maladie.
Les Français sont inquiets, se sentent vulnérables plus qu’ailleurs en Europe. Les opinions publiques ne peuvent s’empêcher de se jauger à la lumière des indicateurs : courbes de décès, contamination, nombre de cas pour 100 000 habitants, taux de saturation