Une fourmi de 18 mètres au jardin d’enfants

Elle ne mesure pas 18 mètres notre fourmi-toboggan du jardin d’enfants… mais les poètes ont toute licence pour rêver… d’autant que Robert Desnos écrivit ce court poème en 1943 ou 44, bien des années avant l’arrivée du toboggan Coarazien.

Traduit en niçart par Joan-Pèire Baquié, le poème de Desnos figure aujourd’hui à la porte du jardin d’enfant, dans l’oliveraie Piovano, rappelant à toutes et tous, petitˑes et grandˑes, la double labellisation de Coaraze,  “Villages en poésie” et “Òc per l’occitan”.

LA FOURMI

Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.
Une fourmi parlant français,
Parlant latin et javanais
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.
Et pourquoi pas ?

Robert Desnos

LA FORNIGA

Una forniga de dètz-e-uech mètres
Emb’un capèu sus la tèsta
Aquò existe pas, aquò existe pas.
Una forniga estirassant un carri
Clafit de gassasmarini e d’ànedas
Aquò existe pas, aquò existe pas.
Una forniga parlant francés
Parlant latin e javanés
Aquò existe pas, aquò existe pas.
E perqué pas ?

Joan-Pèire Baquié
d’après Robèrt Desnos

À écouter…
“La Fourmi” par Robert Desnos
“La Fourmi” par Juliette Gréco

“Polichinelle” de la Compagnie “Gorgomar” présenté aux enfants le 24 juillet

En résidence à la mi-juillet pour créer leur nouveau spectacle de marionnettes, les Coaraziennes Aurélie Péglion et Fanny Tissot de la Compagnie “Gorgomar” présentaient leur travail en avant-première devant les enfants présents vendredi 24 juillet au Centre de Loisirs de Coaraze.

Après 40 minutes en compagnie de Polichinelle, du Diable, de Lola, du boulanger, d’une souris et de quelques autres, un dialogue s’est instauré entre Aurélie, Fanny et les enfants accompagnés de Benoît, directeur du Centre de Loisirs.

Discours de la cérémonie de la Fête Nationale du 14 juillet

“Mesdames, Messieurs
, Chères Coaraziennes, chers Coaraziens,

Nous voilà réunis, en ce 14 juillet 2020, devant le drapeau français, pour réaffirmer notre fidélité à la République française et à ses valeurs Liberté-Égalité- Fraternité, et rendre hommage à ceux qui sont morts pour elles. Merci à toutes et à tous d’être présents ici, en cette date si symbolique.

Commémorer le 14 juillet, c’est affirmer notre attachement à l’Histoire de la France, à la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen qui inspira nombre de démocraties dans le monde. C’est redire notre attachement à la République qui vit le jour en 1792. La fête nationale célèbre le grand souffle de liberté, le grand besoin d’égalité, l’aspiration à une solidarité d’actions autour desquels la République s’est construite en France.

Historique

Le 14 juillet, c’est le souvenir de la prise de la Bastille en 1789, laquelle incarnait le symbole du pouvoir absolu déchu. Le 14 juillet 1789 fut reconnu tout de suite comme une date importante, puisqu’elle fut choisie l’année suivante pour célébrée la Fête de la Fédération.

Oubliée aux XVIIIe et XIXe siècles, ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle et après de longs débats qu’une loi légalisa la date du 14 juillet comme Fête nationale.
S’inscrivaient donc sur le fronton des édifices publics la devise«Liberté, Égalité, Fraternité », héritage du siècle des Lumières, invoquée par la Révolution française et retenue par la République.

Cet évènement eut un retentissement sans équivalent en Europe et il est l’acte fondateur de la démocratie sur notre continent, mais aussi l’intérêt pour le progrès technique, l’innovation, la liberté individuelle, les droits de l’homme, le marché.

Démocratie !

Cette démocratie si forte et si fragile à la fois qui a permis de renverser le principe du pouvoir absolu détenu entre les mains d’une seule personne auto proclamée, discréditée par absence de projet d’avenir, totalement coupée du peuple dans ses mœurs comme dans sa pratique politique.

Cette démocratie à laquelle les pays en déficit aimeraient accéder.
 Cette démocratie que les pays qui en jouissent doivent veiller à conserver. Cette forme de pouvoir qu’est la démocratie peine à résister ici et maintenant au XXIe siècle à d’autres modèles émergeants qui n’ont rien de démocratiques car elle ne peut survivre sans évolution, sans modification, sans adaptation.

Elle a permis de démilitariser la conquête du pouvoir : on ne lève plus une armée pour prendre le pouvoir.
Elle a instauré – progressivement (en témoigne le droit de vote des femmes qui a dû attendre l’après-guerre de 39-45) – le suffrage universel qui est une conquête majeure, c’est la loi du nombre.
Et elle rend une personne responsable, encadrée par des déléguéˑes.

La souffrance des petites gens, l’injustice, avaient atteint un point de non retour, qui s’est conclu par la remise en cause du pouvoir d’un seul, le roi en l’occurrence, par l’abolition des privilèges, par quantité de droits nouveaux, mais aussi, face aux résistances des pouvoirs en place, par un bain de sang et certaines dérives totalitaires que la terreur a autorisées.

231 ans après, les temps ont changé et la démocratie, la liberté, l’égalité n’ont jamais été autant en danger. La démilitarisation, le suffrage universel et la délégation de pouvoir, l’individualisme, le capitalisme arrivent à épuisement et ne suffisent plus à garantir les bases du vivre ensemble en garantissant les valeurs de la République. Nous vivons des temps très troublés.

La crise du COVID 19 dans laquelle nous pataugeons encore, accentue le malaise de la population et notamment des plus fragiles. C’est le moment de faire preuve d’imagination, d’audace pour corriger les malfaçons de la mondialisation débridée, pour faciliter la transition vers des sociétés plus durables et plus justes, pour réinventer la démocratie.

Toutes les grandes crises, à travers l’histoire, ont ouvert des parenthèses pendant lesquelles des réformes courageuses, radicales, indispensables étaient possibles pour améliorer le système. Mais ces parenthèses ne durent pas indéfiniment.

Une nouvelle révolution pourrait être à l’ordre du jour : une révolution raisonnée et raisonnable maintenant ! Nous savons bien qu’après une crise comme celle que nous vivons, des changements sociétaux peuvent être envisagés… mais il faut que l’État inspire confiance !

Avant la pandémie, nous vivions dans des sociétés fondées sur le contrôle, la minimisation du risque, la réduction de l’incertitude ; et puis la Covid 19, cette inconnue, vient ébranler toutes nos convictions. Nous avons la technologie, la prospérité, les lois et les institutions, la science, la maîtrise. Toute notre civilisation moderne semble tendre vers l’abolition de l’incertitude. Alors pourquoi aurions-nous encore besoin de la confiance ? peut-on encore faire confiance ? et à qui ?

Parce que, depuis que le virus a mis le monde à genoux, en l’espace de trois mois, nous sommes obligés de faire confiance à des virologues que nous ne connaissions ni d’Adam ni d’Ève, dont les avis régentent notre quotidien. Nous
sommes obligés de faire confiance à des politiques dont les décisions ont une incidence directe, concrète et sans précédent sur notre existence. Nous sommes obligés de faire confiance à nos semblables, afin qu’ils respectent les règles sanitaires et les distances de sécurité…

La confiance est une force innée que nous avons en nous, qui nous permet de composer avec l’incertitude que nous devons accepter pour vivre notre vie !
Nous vivons dans l’incertitude ; nous l’avions un peu oublié, le virus nous l’a rappelé !

Or, depuis le déconfinement, nous assistons plus à des manifestations de défiance que de confiance : contre les gouvernements, la police, les puissants, les médias, la science les chercheurs ! La colère était là avant la pandémie, avec la crise sociale qui s’annonce longue et pesante, elle risque de s’amplifier.
Dans l’urgence, le droit est chahuté, la constitution bousculée, mais il faut nous montrer responsables et patients.

Faut-il pour autant rester silencieux, apathiques, voire éteints politiquement pour le bien de tous et le salut de la nation ? Il revient à nous, élus du peuple, de réveiller en permanence la conscience collective, de la ranimer, de la raviver. C’est ce que je fais ici avec vous comme témoin.

Je vous souhaite à toutes et à tous un beau 14 juillet, ensoleillé dans vos cœurs.

Vive 1789, vive la République, vive la France, Vive Coaraze ! ”

Monique Giraud-Lazzari
Maire de Coaraze

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Retour sur le concert de l’Ensemble Baroque de Nice du 10 juillet

Une fois de plus la magie a joué en cette soirée du 10 juillet. Les pierres ou les enduits colorés des façades, la douceur estivale, la nuit qui tombe lentement et la musique.

Et quelle musique ! Antonio Vivaldi, interprété par des musiciennes et musiciens de l’Ensemble Baroque de Nice. L’Ensemble n’avait pas joué à Coaraze depuis six ans et il nous a magistralement démontré qu’il est toujours l’un des tout meilleurs d’Europe dans son domaine.

La soirée était une sorte de première : premier concert post-confinement à Coaraze, avec la perspective d’autres rendez-vous en juillet et août ; première représentation en public depuis le déconfinement pour Gilbert Bezzina et les musienˑnes de l’Ensemble.

Et le public était au rendez-vous (dans le respect des gestes barrière), Coaraziennes et Coarazien bien sûr, mais aussi venu de la vallée et de Nice pour ce rendez-vous exceptionnel rendu possible grâce au maintien par le Département des Soirées Estivales 2020.

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Retour sur les célébrations de la Saint-Jean-Baptiste

Longtemps incertaine, tant les mesures liées au déconfinement étaient fluctuantes et imprécises, la tenue de la Fête Patronale de la Saint-Jean a finalement été partiellement possible pour annoncer l’été!

Les gestes barrière ont du être respectés lors de l’embrasement de la Jòia du samedi soir.

Ce fut également le cas lors de la cérémonie du dimanche matin, pour la messe, la procession et le dépôt de gerbe au Monument aux Morts.

Madame le Maire, ses conseillères et conseillers, ainsi que Monsieur Francis Tujague – conseiller départemental, vice-président de la CCPP et Maire de Contes – ont présenté un premier bilan des quelques mois passés depuis les élections municipales, et reparlé des projets pour la commune.

La cérémonie s’est ensuite prolongée autour d’un apéritif d’honneur sous le préau de la Place du Château.

Une Saint-Jean bien particulière, qui a néanmoins largement rassemblé les Coaraziennes et Coaraziens, toujours prêtˑes à s’émerveiller au spectacle des flammes s’élevant au cœur du vieux village dans la douceur d’une première nuit d’été, et toujours attachéˑes à marquer de leur présence l’hommage aux disparus.

Réfection du lavoir du village par l’association Les Vieilles Pierres

Si elle est la plus récente, l’association Coarazienne « Les Vieilles pierres » n’en est pas pour autant la moins active.

Pour preuve, la remise en beauté du lavoir communal ce premier samedi de juillet : nettoyage au karcher, reprise de la couverture avec remplacement des tuiles cassées, application de lasure sur toutes les parties de structure en bois.

Attachéˑes au patrimoine du village, les membres de l’association n’ont pas ménagé leur peine et, à la satisfaction du travail accompli est venu s’ajouter la satisfaction d’entendre des visiteurs de passage admiratifs de la beauté du village.

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La compagnie théâtrale “Gorgomar” en résidence du 20 au 24 juillet

Pour la deuxième année consécutive, la Compagnie théâtrale “Gorgomar” a souhaité venir en résidence à Coaraze dans le cadre de sa nouvelle création “Polichinelle, tout est permis” du 20 au 24 juillet.

Elle proposera une représentation le vendredi 24 juillet à 14h, exclusivement réservée aux enfants inscrits à l’APEEC pendant les vacances d’été. Cette représentation ne sera pas ouverte au public en raison des contraintes de distanciation physique.

L’histoire :
Polichinelle est poursuivi par le diable, qui veut le mettre dans le sac à patates pour le descendre aux enfers. Mais la vie est belle pour Polichinelle. Pour séduire la belle Lola, il se met en quête d’un pan bagnat. La vie est belle pour Polichinelle, rythmé par la musique de ses coups de bâtons. Polichinelle, cri, rit, court, saute…course-poursuite et bastonnade pour notre plus grand plaisir.

D’après un canevas de Serge Dotti.
Jeu et construction : Aurélie Péglion et Fanny Tissot-Giordana / Musique et regard extérieur : Thomas Garcia / Costumes : Julie Jacquet / Construction du castelet : Richard Lazzari Collaboration artistique : Sylvie Osman et Greta Bruggeman- Cie Arketal / Erika Faria De Oliveira

En 2019, la compagnie a implantée son chapiteau itinérant “Le Poulpe” afin d’intervenir auprès de l’école de Coaraze, en proposant différents ateliers et spectacles aux enfants, et aux habitants du village.

>> Plus d’infos sur www.gorgomar.org

Retour sur la rencontre-lecture avec l’auteur coarazien Alain Guillard

Les Amiˑeˑs de la Mediatèca, en association avec l’Amourier éditions, avaient invité à une rencontre avec Alain Guillard, dont le dernier livre “Et n’oublie pas la lumière avant de…” vient d’être publié.

Pour les habituéˑes des Voix du Basilic, Coaraze à la fin mai devient LE lieu de rendez-vous autour du livre. Sans l’irruption du Covid19, ce sont les vingt-deuxièmes Voix qui se seraient tenues en ce week-end “de Pentecôte”. Elles ont été reportées à 2021.

Pour autant, impossible de passer sous silence, à Coaraze, l’arrivée du nouveau livre d’Alain Guillard, résidant Coarazien depuis quelques années, qui avait déjà publié en 2016 un ouvrage chez l’Amourier “La Quête du nom”.

Il a accepté avec grâce de répondre aux questions d’un autre Coarazien d’adoption, Didier Plagnol, de débattre avec ses lectrices et lecteurs, de lire – et d’écouter lire par d’autres – des extraits de son ouvrage… et de partager un apéro-dinatoire, comme de bien entendu!

“Et n’oublie pas la lumière avant de…”
En couverture, dessin de Martin Miguel
Collection “ Fonds Proses ”- en vente sur le site des éditions L’amourier)

>> Plus d’infos sur les activités régulières des Ami-e-s de la Médiatèca

Commémoration inaccoutumée de la Victoire de 1945 ce vendredi 8 mai

Commémoration inaccoutumée de la Victoire de 1945 ce vendredi 8 mai, Madame Le Maire, Monique Giraud-Lazzari, a lu son discours, établissant un parallèle osé entre la Seconde Guerre Mondiale et la crise sanitaire mondiale actuelle, devant une assemblée restreinte, composée de membres de l’équipe municipale sortante et de l’équipe municipale élue le 15 mars dernier.

L’étendue de la place du château, par une belle matinée ensoleillée, permettait de respecter sans difficulté les distances de sécurité sanitaires nécessaires.

Moments d’émotion avec la diffusion de Bella Ciao, de La Marseillaise et surtout le dépôt de gerbe confié à Cécile Rohaut et Fabien Gugliermo, membres de la nouvelle équipe municipale, qui travaillent au quotidien dans le milieu hospitalier.

Chacune et chacun s’est séparé avec en tête l’interrogation finale du discours de Madame le Maire, « Et nous, quand pourrons-nous crier victoire sur ce monde en voie de déshumanisation et d’incertitude ? », partageant l’incertitude temporelle, mais aussi la certitude de la victoire.

 

Discours de Commémoration de la Victoire du 8 mai 1945

“Chères Coaraziennes, Chers Coaraziens,

Ce 8 mai 2020 est une date très particulière dans le déroulement des cérémonies officielles !

Pas de public sur la place du Château, pour ce jour d’hommage aux combattants de la deuxième guerre mondiale il y a plus de 75 ans. Pas de fidèles pour rendre hommage aux Morts pour la France et pour célébrer la libération le 8 mai 45 du joug de l’oppression et de l’horreur.

Non pas que le devoir de mémoire ait été oublié mais, confinement oblige, le rassemblement public n’est pas autorisé afin de protéger les gens contre un ennemi invisible, le coronavirus! Comble de l’ironie! La liberté tant défendue mondialement étouffée par un micro-organisme !

Ce sont les mots qui vont nous réunir pour fêter cette Victoire !
Victoire sur la barbarie !
Victoire sur la folie des hommes !
Victoire sur l’oppression programmée d’êtres humains par d’autres êtres humains.

Honorons celles et ceux qui l’ont gagnée avec courage, avec détermination : les alliés, les résistants, les Forces françaises libres constituées de nombreux combattants d’Outre- mer, les Républicains espagnols, les gens “d’en-bas”, les femmes, moins souvent dans la lumière, mais qui ont aussi agi dans leur quotidien pour faire reculer la barbarie.

N’oublions pas les souffrances endurées par cette génération qui a été sacrifiée pour nous, pour que nous puissions vivre libres.

La nouvelle équipe élue aux élections municipales du 15 mars 2020 mais pas encore en fonction, et l’équipe sortante vous représenteront en déposant une gerbe aux Monuments aux Morts ce 8 mai 2020 puis, sur les coups de midi, nous lèverons, chacun chez soi, le verre de l’amitié en chantant la Marseillaise. Et, si vous en éprouvez le désir, laissez flotter le drapeau Bleu-Blanc-Rouge à votre fenêtre : le confinement interdit beaucoup, mais pas l’expression collective de solidarité et de mémoire.

La liberté

Contradictoirement, vivre libres n’est pas d’actualité depuis le 17 mars 2020, par force, par nécessité, par une loi déclarant l’état d’urgence sanitaire (prolongé jusqu’au 24 juillet) qui signifie que l’État suspend le temps et le droit du travail, ordonne l’activité économique et régule la liberté de circulation.

Bien sûr le but est de surveiller et de pister le Covid 19, l’empêcher de se propager comme se sont propagées les idées fascistes, racistes et dictatoriales qui ont conduit à la 2e guerre mondiale. Mais que cela ne nous empêche pas de rester vigilant pour la suite, pour l’après virus !

La guerre

Qui l’a faite ? 100 millions de combattants de 61 nations !

L’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie a provoqué la déclaration de guerre de la France et de l’Angleterre et, par un système d’alliances, le conflit s’est enflammé et est devenu planétaire.

On nous parle aujourd’hui de guerre contre un virus, peut-être sorti d’un laboratoire par mégarde ou d’un morceau de pangolin. Un seul ennemi contre le reste de l’humanité. Alors un parallèle avec la 2e guerre mondiale est peut-être osé, mais il est instructif.

Celles et ceux qui n’ont connu la guerre mondiale que dans les livres ou dans les souvenirs de leurs aînés sont confrontés à la réalité d’une lutte quotidienne contre un envahisseur dangereux pour la survie de l’humanité et devront réagir – ou pas – aux conséquences de cette catastrophe annoncée.

Pourquoi l’a-t-on faite ?

Les causes de la guerre de 39-45 sont multiples, les unes profondes, les autres plus ponctuelles.

Elles sont le reflet de réactions humaines : l’esprit de revanche des pays humiliés par les vainqueurs de la 1ère guerre mondiale, la mésentente entre ces mêmes vainqueurs incapables d’appliquer les décisions prises lors de la création de la Société des nations qui condamne la guerre comme outil politique, l’expansionnisme des puissances en mal d’espace soutenues par une politique d’armement, l’adhésion aux idéologies national- socialistes, la crise économique de 1929 dont les conséquences ont été graves sur les économies fragiles entraînant chômage et récession, l’avidité des financiers et le mépris de l’autre.

En 2019, c’est le besoin d’un virus neutre, invisible, étranger au pouvoir ; un virus qui n’a aucune intention de nuire aux organismes qui l’accueillent, qui cherche à vivre et qui entraine le monde entier dans la débâcle.

Ce virus récapitule toutes les problématiques de notre système économique et social défaillant : c’est dans l’intimité de notre corps que s’installent les effets désastreux de la mondialisation : la course à la rentabilité, la délocalisation tous azimuts, l’exploitation sans frein de la nature, la sur-consommation, le capitalisme aveugle à la pauvreté…

Comment l’a-t-on faite ?

Les belligérants de la 2e guerre avaient planifié l’intervention des forces armées, ont financé largement le matériel militaire : toutes les ressources matérielles (économique, scientifique, morales, politiques) ont été mobilisées.

Lidéologie raciste a permis des crimes de guerre d’une rare violence, des massacres génocidaires, une extermination de population… entrainant les pays, dont la France, dans une récession économique, morale et sociale terrible. Tous cherchaient à redessiner les frontières des États.

La résistance et la détermination des hommes et des femmes engagéˑes dans cet enfer, contre cette logique, ont contribué à repousser les envahisseurs, mais à quel prix !

La crise sanitaire mondiale que nous vivons n’a pas de barrières, pas de ligne de front et se joue des États politiques, des idéologies et même – dans une certaine mesure – des classes sociales.

Alors qu’elle aurait pu être anticipée, nos dirigeants n’ont pas réagit à temps à l’avertissement. La seule résistance possible maintenant semble être la défiance envers l’autre, la peur de l’autre, même au sein des familles.

Ne plus passer les frontières, travailler à domicile, ne plus déjeuner au restaurant, ne plus voir ses amiˑes, ne plus embrasser ses parents, ne plus pouvoir travailler autrement qu’à distance, autant d’interdits qui pèseront sur les relations sociales et économiques après le déconfinement.

Et, surtout, comment va-t-on réagir face à l’incertitude, le doute du présent comme du lendemain, le manque de confiance et la peur de l’autre.

Nous sommes tous en ce moment des migrantes et des migrants ; des migrants dans notre propre pays !

Inutile de chercher des boucs émissaires, les juifs, les homosexuels, les noirs, les mexicains, les chinois, les étrangers… nous sommes tous dans le même bateau et nous ne sommes sûrs de rien. Gardons-nous de tirer des conclusions hâtives.

La guerre de 40 n’a pas été seulement une guerre de militaires, mais elle a impliqué tous les civils dans son carnage.

Les bombardements, la descente dans les caves, le port du masque à gaz réservé aux enfants, la queue devant la boulangerie avec les tickets de rationnement, la peur des représailles, la récession économique forcée… celles et ceux qui sont encore là pour en parler, se souviennent de tout cela, mais ressentent aujourd’hui d’autres angoisses, enferméˑes qu’ils sont dans leurs murs : ce n’est plus trop la peur de mourir mais la peur de vivre qui les tenaille et, nous tous subissons cette crise qui touche la sphère publique mais aussi l’intime.

Le décompte macabre des décès provoqués par la pandémie rythme un quotidien anxiogène et chaque soir les chiffres augmentent en même temps que les doutes s’accroissent sur leur sincérité. C’est le privilège d’une société où les médias sont rois, et impose aux personnes une vision ciblée de la situation dramatique que nous vivons, vision qui change très vite, de jour en jour, et qui nous déstabilise en détruisant le peu de certitude que l’on a encore.

Qu’a -t’elle apporté ?

La victoire du 8 mai 1945 a fait cesser le feu, a mis fin au carnage, mais n’a pas pacifié le monde ni le cœur des hommes.

Les conséquences humaines sont désastreuses. C’est la guerre la plus meurtrière connue et planifiée : 62 millions de morts dans le monde sur cinq longues années, baisse des actifs et vieillissement de la population. Elle a conduit à des émigrations massives, pour relancer l’économie et notamment l’exploitation du charbon en France.

Les tourments de la guerre ont accéléré bien des “avancées”. Bonnes ou moins bonnes ! : antibiotiques, radar, dispensaire, l’Europe et la bombe atomique ! En 1939, peu de gens aurait prédit un mouvement de libération des femmes.

Le Covid 19 s’est acharné sur nos aînéˑes, sur les personnes fragiles, en bouleversant les valeurs d’éthique et d’égalité devant la maladie.

Les Français sont inquiets, se sentent vulnérables plus qu’ailleurs en Europe. Les opinions publiques ne peuvent s’empêcher de se jauger à la lumière des indicateurs : courbes de décès, contamination, nombre de cas pour 100 000 habitants, taux de saturation

du système hospitalier… Mais « tout est solidaire, rien n’est solitaire » disait Hugo ; Il est urgent de faire société, solidarité, générosité, résilience et désir de donner du sens à notre vie, stopper cette course effrénée. Ce sont des conditions de survie et le temps est un acteur important.

Il faudra le prendre ce temps de la réflexion. Prendre le recul nécessaire sur l’instantané des réactions ; sur les réseaux sociaux en particulier qui nous font croire que l’on sait alors que ce n’est pas le cas.

Les conséquences économiques et sociales ont conduit à un rationnement des vivres, au marché noir, à une baisse du pouvoir d’achat et aux inégalités devant la récession. Les gens étaient préoccupés par les restrictions de la vie quotidienne et n’imaginaient pas leur avenir.

Après la guerre, la naissance de la Sécurité sociale et la nationalisation des entreprises essentielles à l’économie ont permis de relancer la machine et de protéger la population. La mise en place de l’État providence et du Service public était une solution radicale.

Il n’est pas interdit d’imaginer que quelque chose d’analogue se produise demain. On peut se poser des questions : l’après virus sera-t-il un retour à notre mode de vie basée sur la consommation, la dégradation de la nature, le profit, la déraison ou va-ton être capable de changer la donne ? Après une course à la privatisation, à la mondialisation, pourra-ton relocaliser, renationaliser, trouver des solutions qui prennent en compte l’humain et ses compétences, ses richesses jusqu’à présent ignorées pour la seule recherche du profit de certains ? La pratique massive du télétravail qu’entraine le confinement peut contribuer à changer le fonctionnement des entreprises encore trop hiérarchisées ou autoritaires. La crise peut accélérer aussi le retour à la production locale, l’abandon de toute cette industrie du jetable.

Le virus pourrait avoir la peau de la semaine de travail du lundi au vendredi, le passage du monde analogique au monde numérique va s’accélérer : achats en ligne, face- time pour les grands parents au lieu de visite, livres électroniques, paiement par voie électronique, vote électronique, la naissance d’un mode de vie désincarnée, aseptisée.

Il faut espérer une réaction saine d’une meilleure appréciation des contacts humains, un lien social affermi qui supprimera la peur, la perte de confiance dans notre forteresse numérique.

Quant aux conséquences politiques au sortir de la guerre, elles ont été majeures pour le XXe siècle : l’Europe est ruinée et deux mondes se sont créés : à l’ouest les démocraties parlementaires alliées des États-Unis devenus créanciers de l’Europe , à l’est les États sous influence soviétique.

Qu’en estil aujourd’hui suite à la crise sanitaire ?  La course à la meilleure gestion de la crise place la Chine au devant de la scène bien que les soupçons de mensonge érode l’image qu’elle voudrait avoir et la gestion catastrophique des États-Unis leur font perdre la face et leur puissance d’intervention et de moralisation sur le reste du monde. De même l’Europe d’aujourd’hui, qui n’a pas joué son rôle dans cette crise planétaire. Les pays démocratiques sont affaiblis, par contre ceux qui utilisent la force, la répression sont sur la pente ascendante ? que sera notre réaction ? Pourra-t-on instaurer une nouvelle gouvernance qui arrêterait de prendre les hommes pour des pions ?

Nous sommes réellement à un tournant de notre histoire avec ses doutes et ses espérances et ses peurs. Nous sommes sur le fil du rasoir, à tout moment nous pouvons basculer dans le pire comme dans le meilleur.

Le 8 mai 1945 l’Allemagne nazie reconnait sa défaite sans condition.

Les virus ont toujours existé et ne connaissent pas de fin. Même abattu, le coronavirus reviendra sous d’autres formes : seul un comportement adapté des hommes dans leurs rapports à la nature pourra peut-être le maîtriser.

Conclusion ?

La 2e guerre mondiale, aura changé la planète, et modifié la vie des gens. Qu’en sera– t-il de la pandémie du Covid 19 ?

Comment au XXIe siècle est-il possible que le virus, de l’échelle microscopique soit passé à l’échelle planétaire, au point de gripper les rouages de notre monde, secoué, mis à l’arrêt par cette crise écologique, globale, sanitaire, économique, politique et humaine ?

L’enseignement des crises passées ne nous ayant pas éclairés, ce monde tellement sûr de lui vient de chuter du piédestal où les hommes l’avait placé.

Les protagonistes de 39-40 étaient préparés, entraînés, outillés. Ils pouvaient identifier leurs ennemis. Alors que nous, avec toute la technologie sophistiquée, la science à la pointe de la recherche, nous sommes si petits, si fragiles, si incertains.

L’impréparation face à cette crise exceptionnelle est sidérante: inconscience générale, rentabilité à court terme, fragilisation du service public, hésitations, mépris de l’humain, tels sont en partie les causes de notre situation actuelle.

Malgré les mesures prises pour sauver les entreprises et les emplois, les inégalités sont persistantes et même amplifiées, faisant plongé certains de la précarité à la pauvreté. Comment se traduiront-elles ?

Les activités culturelles sous toutes leurs formes ont continué pendant l’occupation – sous surveillance certes – alors que leur arrêt pendant le confinement a touché durement le monde artistique. Mais les possibilités des nouvelles technologies ont permis une invention au quotidien et une redécouverte ou un intérêt plus intense pour le cinéma, la musique, le théâtre, les musées ou autres au sein d’un espace fermé.

La touche optimiste et commune aux situations de crise vient de la solidarité qui se propage spontanément chez les gens “d’en bas“, généreux, créatifs et optimistes. Ils mettent leurs compétences au service de l’intérêt collectif et du service public. Merci en particulier aux couturières bénévoles de Coaraze (eh oui, il n’y avait pas de couturiers) pour la fabrication des masques. Elles ont pallié aux atermoiements du gouvernement.

ll est rare qu’une maladie ait des répercussions aussi dures et importantes dans tous les domaines au même titre que la guerre de 39-40 et notamment sur l’économie du pays. C’est une récession économique sans précédent pour résoudre une crise de santé publique et pratiquement tout le monde en est conscient et l’accepte dans l’urgence. Mais après ?

Il faudra s’adapter, réapprendre à vivre avec les virus, avec les risques de catastrophes naturelles, à modifier notre système de vie et prendre en compte notre

position minime sur la planète, que l’on a intérêt à respecter avant qu’elle ne se fâche réellement.

Tout un programme si ce n’est pas trop tard.

Remerciements

Les Morts pour la France sont inscrits sur le marbre, ceux du Covid 19 sont anonymes, certains enterrés dans des fosses communes. Et nous sommes au XXIe siècle.

Les héros de la guerre de 39-40 ressemblent fort à ceux de cette crise qui assument leur engagement au péril de leur vie, dans des conditions difficiles imposées par des décideurs qui prennent des décisions plus ou moins bonnes.

Du médecin au personnel soignant, de l’enseignant à la caissière, des agents qui assurent la continuité du service public aux bénévoles qui aident les gens du quartier, ces gens disent humblement faire leur travail, ces gens que l’on ne remarquait pas, ces gens discrets mais indispensables.

Merci à eux et sans doute, espérons-le, un nouveau regard sera posé sur elles et eux. La victoire leur reviendra comme ceux de 39-40.

Comme le dit Edgar Morin, le philosophe et sociologue bientôt centenaire, il ne s’agit pas d’être constamment angoissé, mais il faut s’attendre à ce que surgissent des évènements plus ou moins catastrophiques. Soyons donc prêts à affronter les bouleversements.

Il y aura un après virus, et il faudra non pas penser que tout sera spontanément différent, mais faire preuve de patience, de résilience et de détermination face à l’immobilité de gouvernance de nos dirigeants, face à notre propre propension à ne pas bouger.

Victoire au bout de cinq ans pour les combattants de la 2e guerre. Et nous, quand pourrons-nous crier victoire sur ce monde en voie de déshumanisation et d’incertitude ? Devons-nous chercher à être des vainqueurs ou devons nous seulement nous considérer comme des passants sur cette planète ?

Les parallèles entre les deux crises deviennent plutôt des courbes sécantes en fonction des réactions humaines souvent répétitives. Soyons à la hauteur des enjeux.

Vive la Liberté, l’Égalité et la Fraternité !
Vive la France qui avance !
Vive Coaraze !”

Monique Giraud-Lazzari
Maire de Coaraze

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