Les célébrations ont débuté le soir du 13 juillet. La fête a battu son plein à Coaraze, grâce à une soirée “Mojitos”, organisée par le Comité des Fêtes et animée par un groupe de musique Gipsy . Les Coaraziennes et Coaraziens se sont retrouvés sur le stade et dans l’oliveraie Piovano, autour d’une buvette et de divers mets à partager, concoctés par chacun pour l’occasion.
Le lendemain, 14 juillet, la cérémonie officielle s’est déroulée au Monument aux Morts, sur la place du Château. Devant de nombreux villageois et en présence d’une gendarme, Monique Giraud-Lazzari, a prononcé un discours poignant rappelant certains événements historiques trop souvent oubliés. Elle a évoqué l’importance de la Révolution française, la prise de la Bastille, la quête de liberté et d’égalité tout en soulignant le rôle essentiel des femmes dans cette révolution, trop souvent éclipsé par l’histoire racontée
par les hommes. Un hommage sincère a été rendu à ces héroïnes de l’ombre, avant de poursuivre la célébration avec un apéritif d’honneur sous les acacias.
Discours du 14 juillet 2025
Mesdames, messieurs les éluˑeˑs,
Cher-e-s concitoyennes et concitoyens,
Bonjour à toutes et tous.
Je ne suis pas sûre de retrouver ici, sur cette place du château, ce matin, tous les joyeux et joyeuses participantˑeˑs au repas partagé et au bal d’hier soir !
Les embruns de mojito ont emporté la carmagnole.
Les temps changent, mais la mémoire de notre histoire doit rester présente, elle est le rempart contre les assauts de ceux qui voudraient la transformer voire la supprimer.
Le 14 Juillet c’est :
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une journée fériée ;
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un bal dans tous les coins de France ;
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ou le feu d’artifice, mais uniquement dans les grandes villes et sous haute surveillance (interdit pour nous, village rural, pour risque d’incendie …) ;
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ou alors le défilé militaire des Champs Elysées qui provoque une petite montée d’adrénaline et de jouissance devant le déversement de la puissance défensive ou offensive de l’armée française.
Non, ce n’est pas la date d’anniversaire du Président français (nous ne sommes pas en Amérique — heureusement — où le président honore sa propre personne !).
C’est une date vaguement apprise dans les livres scolaires… et je ne suis pas sûre que cette célébration du 14 juillet soit un message essentiel pour les jeunes et qu’elle les branche vraiment (sinon, pour faire siffler quelques pétards ou pour lancer quelques fusées — l’interdit est toujours motivant !).
Mais pour beaucoup d’entre eux, leur attention et leurs soucis sont ailleurs : les yeux rivés sur leur smartphone, victimes d’une autre révolution non maîtrisée, celle du numérique, qui les entraîne dans un monde parallèle qu’ils finissent par penser réel, qui les déstabilise jusqu’à les angoisser et leur faire perdre l’envie de bien vivre.
Cette révolution-là aura-t-elle son 14 juillet ? Il faudra du temps, des sacrifiés, pour y arriver.
Pourquoi cette fête du 14 juillet est-elle notre fête nationale ?
La prise de la Bastille, certains ont peut-être retenu la date ? 14 juillet 1789, devenue symbole du passage de la monarchie absolue à la République.
La fête de la Fédération, 14 juillet 1790, symbole de l’union fraternelle de la Nation de toutes les parties de la France et de tous les citoyens français (les citoyennes ne sont pas citées) dans la liberté et l’égalité.
D’où le choix du 14 juillet, il y a 145 ans, comme date de la fête nationale :
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qui devait entretenir la fraternité entre les citoyens (toujours pas de citoyennes), les attacher à la constitution toute neuve, à la patrie et aux lois.
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qui permettait de commémorer les valeurs de la République : « liberté, égalité, fraternité », symboles de la Révolution française qui deviendra révolution universelle par le monde.
On passe d’une longue période embourbée dans la foi et la soumission à l’église à une nouvelle modernité, celle de la raison, celle du progrès, du marché et de la liberté : commercer, penser, posséder, échanger, voter.
C’est à cette époque que s’écrivent les droits de l’Homme (pas de la femme) et du citoyen (pas de la citoyenne), qui donne le droit aux peuples à disposer d’eux-mêmes !!
Ces révolutionnaires avaient donné du sens à l’avenir pour les générations suivantes, mais ils ont oublié que l’Homme reste un être vivant capable du pire comme du meilleur ; soit recroquevillé sur la possession, la richesse individuelle, le pouvoir unique, soit ouvert sur les autres, sur l’empathie, sur le partage, sur l’intérêt collectif.
Liberté et émancipation civique, les deux mamelles qui vont produire de siècle en siècle :
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des nectars succulents : la démocratie, le siècle des Lumières, les progrès techniques, le respect de la nature, l’abolition de l’esclavage ;
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mais aussi des boissons infâmes : les guerres de pouvoir, de territoires, le capitalisme (et la lutte des classes), la colonisation et les génocides des Arméniens, des Juifs, et bien d’autres, dont le dernier en date est celui des Palestiniens.
« Ce qui se passe à Gaza dépasse clairement le supportable pour la population.
Ce génocide du 21e siècle, après tout ce que l’humanité a appris du passé, avec toute la technologie dont elle dispose, en fait un scandale absolu.
La Palestine est un test pour la morale en même temps qu’elle est une exception à la force du droit détruit par l’impunité d’Israël. Mon peuple subit des souffrances inimaginables et le fait de les ignorer ou les minimiser fait encore plus mal, comme toutes les tergiversations et gesticulations des responsables de cette situation.
Ça finira un jour, mais pas pour les consciences et les cauchemars qui hanteront les coupables. »
Abdal Karim Ewaida, Ambassadeur de l’État de Palestine en Côte d’Ivoire.
Donner le pouvoir à un seul homme sans contrepouvoir et voilà ce qu’il en fait !
Loin de l’article de la constitution des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 qui dit :
« Article premier
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Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.
Article 2 -
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. »
Le 14 juillet, c’est aussi et surtout ça !
Il y a, comme qui dirait, du gaz effaceur dans l’air. Un gaz inhalé par toutes celles et tous ceux qui ont oublié leur humanité et le sens du commun.
Mais alors, où sont les femmes dans cette Révolution dont les écrits n’ont été rapportés que par les hommes ? Qui sont les oubliées des barricades ?
Soldates, intellectuelles, insurgées… la participation des femmes à la Révolution française a été primordiale. Et de toutes les classes sociales.
« Brisons nos fers, il est temps que les femmes sortent de leur honteuse nullité ! »
Anne Sophène, révolutionnaire.
À la révolution, les femmes n’avaient pas le droit de vote, ne pouvaient pas participer officiellement aux espaces de pouvoir comme l’Assemblée ou les clubs uniquement masculins.
Et pourtant une conscience politique naissait dans les têtes féminines. Plusieurs historiens s’entendent pour affirmer que la marche des femmes de Paris à Versailles en octobre 1789 (dont Renée, une fruitière, fut l’instigatrice) fut décisive ; tout autant, si ce n’est plus, que la prise de la Bastille en juillet. Cette marche a donné lieu à la ratification par le roi de la déclaration des droits de l’Homme et à son déménagement de Versailles à Paris.
D’autres noms de femmes s’inscrivent dans les mémoires de la Révolution :
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Olympe de Gouge, l’autrice de la Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne ;
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Pauline, qui a fondé un club politique où débats et désaccords sur le régime monarchique se faisaient entendre ;
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Louise, qui a été la fondatrice du journal d’État et du Citoyen ;
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Catherine, qui était une vaillante soldate mobilisée dans l’armée.
La deuxième moitié du ciel a repris ses droits, et les recherches sur une histoire de la Révolution rectifiée continuent pour redonner à Césarine ce qui est à Césarine !
Le 14 juillet est un hommage au peuple qui s’est rebellé contre la misère, la souffrance, l’injustice.
C’est le symbole de la force des petites gens capables de se prendre en main, d’imposer leur point de vue et de faire basculer une société de privilèges vers une société plus égalitaire.
C’est encore loin d’être gagné, mais c’est possible, c’est nécessaire !