Retour sur les célébrations de la Fête Nationale du 14 juillet

Au soir du 13 juillet, organisée par le Comité des fêtes, une soirée “Mojitos” animée par le DJ de  “Mix and light”, avec buvette, pizzas, pissaladières, tartes, ainsi que le food-truck  coarazien “La Mignonette”, a rassemblé les Coaraziennes et Coaraziens sur le stade et dans l’oliveraie Piovano jusqu’à tard dans la nuit.

Dans la matinée du 14, la cérémonie au Monument aux Morts, sur la place du Château, a permis à Monique Giraud-Lazzari de rappeler dans son discours quelques éléments d’Histoire un peu trop oubliés, avant de partager un apéritif d’honneur qui s’est longtemps prolongé.

Discours du maire – 14 juillet 2021

Nous sommes réunis comme chaque année devant le monuments aux Morts pour la Fête nationale. Mais que célèbre-t-on réellement ce jour du 14 juillet : prise de la Bastille ou fête de la Fédération ?

Le défilé du 14 juillet sur les Champs-Élysées à Paris, vu à travers le petit écran de la télévision ! Est-ce que le 14 juillet est limité à ça ?

141 ans que l’on fête le 14 juillet ! Bal, concert, peut-être les mots « la Bastille » ou « jour férié », drapeaux bleu-blanc-rouge, feux d’artifice restent les images de cette fête dans la conscience collective.

La force de la révolte et la défense militaire alliées au plaisir et à la liesse populaire… un mélange qui fonctionne et qui perdure, qui unifie, mais quid du sens de cette fête nationale ?

Un symbole ?
91 ans après la révolution de 1789, une loi du 6 juillet 1880 édicte un texte dont font partie un ensemble de mesures symboliques, portées par la nouvelle majorité républicaine à la Chambre des représentants élue un an plus tôt. Parmi ces mesures : le siège du pouvoir est ramené de Versailles (où le gouvernement était replié depuis la Commune de 1871) à Paris, les communards parisiens bénéficient de l’amnistie, “La Marseillaise” devient l’hymne officiel de la république française, le 14 juillet est retenu comme jour de la fête nationale.

Deux 14 juillet ?
Au 14 juillet 1789, succède un an après, le 14 juillet 1790 : La fête de la Fédération. Celle-ci, célébrée par des centaines de milliers de Parisiennes et Parisiens et de gardes nationaux venus de province dans un esprit d’unité nationale et de concorde atténue le caractère violent de la prise de la Bastille en associant l’ensemble des parties pour un projet commun  national.

Quand la date du 14 juillet est choisie pour célébrer la Fête Nationale, il est explicitement dit : « Rappelons que le 14 juillet 1789, ce 14 juillet qui vit prendre la Bastille, fut suivi d’un autre 14 juillet, celui de 1790, qui consacra le premier par l’adhésion de la France entière, […]. Cette seconde journée du 14 juillet, qui n’a coûté ni une goutte de sang ni une larme […]. Le 14 juillet 1790 est le plus beau jour de l’histoire de France, et peut-être de toute l’histoire. ».
La date retenue du 14 juillet prend donc le caractère d’une seule célébration pour ces deux événements marquants.

Qu’est-ce, plus précisément, que la fête de la Fédération ?
Si la fête de la Fédération ne vous dit pas grand-chose, c’est parce que cet événement apparaît de moins en moins dans nos livres d’Histoire. Dans l’esprit de la plupart des Français, le 14 juillet est purement et simplement la prise de la Bastille. Ce jour où, en 1789, des émeutiers parisiens assiégèrent puis s’emparèrent de la prison-forteresse de la Bastille afin d’en récupérer les armes.
Cet événement pourrait être considéré comme un fait secondaire ; certes violent, sanglant, symboliquement fort, mais sans enjeu stratégique réel.

Durant l’été 1789, suite à l’effondrement du pouvoir central, des Fédérations se constituent un peu partout dans les Provinces du Royaume de France. Et plus seulement à Paris. Il s’agit de rassemblements de soutien aux Gardes nationaux.
Historiquement, la Garde nationale est l’ensemble des milices populaires de citoyens formées dans chaque commune au moment de la Révolution française, à l’instar de la Garde nationale créée à Paris en 1789 et placée sous le commandement de La Fayette.

La garde nationale : une institution citoyenne et bourgeoise.
Le 13 juillet 1789, les bourgeois de Paris créaient une « Garde nationale », chargée tout à la fois de contenir l’émeute populaire et de protéger la ville encerclée par les troupes du roi. Le 14 juillet, la Garde, qui venait d’adopter une nouvelle cocarde bleu-blanc-rouge, participe à la prise de la Bastille.
Ce glorieux baptême lui confère une aura révolutionnaire qu’elle gardera tout le siècle. L’institution perdure d’ailleurs sous tous les régimes, mais en prenant des formes variables : milice bourgeoise d’ordre public le plus souvent (1789-1792, Restauration et Monarchie de Juillet, Second Empire), garde citoyenne populaire et démocratique lors de poussées révolutionnaires (1793, 1848).

Dès 1789, face à la popularité de ces mouvements locaux spontanés, La Fayette appelle à la réunion d’une grande Fédération nationale qui regrouperait les représentants des fédérations des Provinces dans la capitale. La date sera fixée au 14 juillet 1790, un an jour pour jour après la prise de la Bastille.
Cette journée marque l’histoire par son caractère apaisé et de concorde. Même si la « grande fraternité révolutionnaire » exprimée est en partie factice,  rien ne laisse présager alors du climat de terreur dans lequel s’enfoncera le pays quelques mois après, avec la déclaration de guerre à l’Autriche en avril 1792, le renversement de la monarchie le 10 août 1792 par la Commune insurrectionnelle formée à Paris, puis la proclamation de la République le 21 septembre de la même année.

J’ai choisi de mettre l’accent sur ce moment de concorde car il fait apparaitre:
Qu’un évènement peut en cacher un autre, que le peuple choisit lui-même ses symboles et s’y accroche… et cela fait peur.
Que la paix est plus difficile à mettre en place que la guerre !
Que les livres d’Histoire peuvent interpréter, voire omettre, certaines vérités, en particulier celles qui dérangent, et qu’il faut donc les confrontés entre eux.
Que ce qui se passe à Paris n’est pas forcément ce qui se passe dans la France entière !
Que la Garde nationale avait bien commencé son rôle de protection, mais qu’elle ne l’a pas tenu dans le temps car elle était jugée trop incontrôlable par le pouvoir !
Qu’il est parfois difficile de rester unis dans l’adversité, ce dont on voit un triste exemple actuellement dans nos vallées !

Le 14 juillet, tel que défini en 1880, se veut une fête de rassemblement  national et de concorde, dans chaque commune. Alors Vive la fête ! Vive la République ! Vive Coaraze !