Discours de la cérémonie de la Fête Nationale du 14 juillet

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“Mesdames, Messieurs
, Chères Coaraziennes, chers Coaraziens,

Nous voilà réunis, en ce 14 juillet 2020, devant le drapeau français, pour réaffirmer notre fidélité à la République française et à ses valeurs Liberté-Égalité- Fraternité, et rendre hommage à ceux qui sont morts pour elles. Merci à toutes et à tous d’être présents ici, en cette date si symbolique.

Commémorer le 14 juillet, c’est affirmer notre attachement à l’Histoire de la France, à la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen qui inspira nombre de démocraties dans le monde. C’est redire notre attachement à la République qui vit le jour en 1792. La fête nationale célèbre le grand souffle de liberté, le grand besoin d’égalité, l’aspiration à une solidarité d’actions autour desquels la République s’est construite en France.

Historique

Le 14 juillet, c’est le souvenir de la prise de la Bastille en 1789, laquelle incarnait le symbole du pouvoir absolu déchu. Le 14 juillet 1789 fut reconnu tout de suite comme une date importante, puisqu’elle fut choisie l’année suivante pour célébrée la Fête de la Fédération.

Oubliée aux XVIIIe et XIXe siècles, ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle et après de longs débats qu’une loi légalisa la date du 14 juillet comme Fête nationale.
S’inscrivaient donc sur le fronton des édifices publics la devise«Liberté, Égalité, Fraternité », héritage du siècle des Lumières, invoquée par la Révolution française et retenue par la République.

Cet évènement eut un retentissement sans équivalent en Europe et il est l’acte fondateur de la démocratie sur notre continent, mais aussi l’intérêt pour le progrès technique, l’innovation, la liberté individuelle, les droits de l’homme, le marché.

Démocratie !

Cette démocratie si forte et si fragile à la fois qui a permis de renverser le principe du pouvoir absolu détenu entre les mains d’une seule personne auto proclamée, discréditée par absence de projet d’avenir, totalement coupée du peuple dans ses mœurs comme dans sa pratique politique.

Cette démocratie à laquelle les pays en déficit aimeraient accéder.
 Cette démocratie que les pays qui en jouissent doivent veiller à conserver. Cette forme de pouvoir qu’est la démocratie peine à résister ici et maintenant au XXIe siècle à d’autres modèles émergeants qui n’ont rien de démocratiques car elle ne peut survivre sans évolution, sans modification, sans adaptation.

Elle a permis de démilitariser la conquête du pouvoir : on ne lève plus une armée pour prendre le pouvoir.
Elle a instauré – progressivement (en témoigne le droit de vote des femmes qui a dû attendre l’après-guerre de 39-45) – le suffrage universel qui est une conquête majeure, c’est la loi du nombre.
Et elle rend une personne responsable, encadrée par des déléguéˑes.

La souffrance des petites gens, l’injustice, avaient atteint un point de non retour, qui s’est conclu par la remise en cause du pouvoir d’un seul, le roi en l’occurrence, par l’abolition des privilèges, par quantité de droits nouveaux, mais aussi, face aux résistances des pouvoirs en place, par un bain de sang et certaines dérives totalitaires que la terreur a autorisées.

231 ans après, les temps ont changé et la démocratie, la liberté, l’égalité n’ont jamais été autant en danger. La démilitarisation, le suffrage universel et la délégation de pouvoir, l’individualisme, le capitalisme arrivent à épuisement et ne suffisent plus à garantir les bases du vivre ensemble en garantissant les valeurs de la République. Nous vivons des temps très troublés.

La crise du COVID 19 dans laquelle nous pataugeons encore, accentue le malaise de la population et notamment des plus fragiles. C’est le moment de faire preuve d’imagination, d’audace pour corriger les malfaçons de la mondialisation débridée, pour faciliter la transition vers des sociétés plus durables et plus justes, pour réinventer la démocratie.

Toutes les grandes crises, à travers l’histoire, ont ouvert des parenthèses pendant lesquelles des réformes courageuses, radicales, indispensables étaient possibles pour améliorer le système. Mais ces parenthèses ne durent pas indéfiniment.

Une nouvelle révolution pourrait être à l’ordre du jour : une révolution raisonnée et raisonnable maintenant ! Nous savons bien qu’après une crise comme celle que nous vivons, des changements sociétaux peuvent être envisagés… mais il faut que l’État inspire confiance !

Avant la pandémie, nous vivions dans des sociétés fondées sur le contrôle, la minimisation du risque, la réduction de l’incertitude ; et puis la Covid 19, cette inconnue, vient ébranler toutes nos convictions. Nous avons la technologie, la prospérité, les lois et les institutions, la science, la maîtrise. Toute notre civilisation moderne semble tendre vers l’abolition de l’incertitude. Alors pourquoi aurions-nous encore besoin de la confiance ? peut-on encore faire confiance ? et à qui ?

Parce que, depuis que le virus a mis le monde à genoux, en l’espace de trois mois, nous sommes obligés de faire confiance à des virologues que nous ne connaissions ni d’Adam ni d’Ève, dont les avis régentent notre quotidien. Nous
sommes obligés de faire confiance à des politiques dont les décisions ont une incidence directe, concrète et sans précédent sur notre existence. Nous sommes obligés de faire confiance à nos semblables, afin qu’ils respectent les règles sanitaires et les distances de sécurité…

La confiance est une force innée que nous avons en nous, qui nous permet de composer avec l’incertitude que nous devons accepter pour vivre notre vie !
Nous vivons dans l’incertitude ; nous l’avions un peu oublié, le virus nous l’a rappelé !

Or, depuis le déconfinement, nous assistons plus à des manifestations de défiance que de confiance : contre les gouvernements, la police, les puissants, les médias, la science les chercheurs ! La colère était là avant la pandémie, avec la crise sociale qui s’annonce longue et pesante, elle risque de s’amplifier.
Dans l’urgence, le droit est chahuté, la constitution bousculée, mais il faut nous montrer responsables et patients.

Faut-il pour autant rester silencieux, apathiques, voire éteints politiquement pour le bien de tous et le salut de la nation ? Il revient à nous, élus du peuple, de réveiller en permanence la conscience collective, de la ranimer, de la raviver. C’est ce que je fais ici avec vous comme témoin.

Je vous souhaite à toutes et à tous un beau 14 juillet, ensoleillé dans vos cœurs.

Vive 1789, vive la République, vive la France, Vive Coaraze ! ”

Monique Giraud-Lazzari
Maire de Coaraze

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